Préface de "Prière païenne"

Michèle LAVALETTE, témoigne avec "Prière Païenne" d'un sens poétique incontestable et d'une grande maîtrise de son instrument lyrique. 

Aussi à l'aise dans des poèmes qui s'attachent au strict respect de la prosodie classique que dans des poèmes en vers libres qui épousent parfaitement le rythme de ses cadences intérieures, elle nous donne, sous ce titre, un recueil d'une grande variété d’inspiration. 

Bien plus qu'une "prière païenne", ses vers sont surtout un beau chant de louange à sa terre, ce pays "entre Dombes et Bugey" qu'elle aime passionnément, d'un amour presque sensuel. 

Elle chante "les étangs-rêveries" où passe le vent qui déchaîne ses harpes éoliennes ou qui s'attarde parfois pour conter au poète de belles légendes tragiques du temps passé. Ciel et eaux conjuguent leurs harmonies et leurs contrastes en suivant le fil des saisons : l'aube d'hiver, la "nuit violine où les étangs brûlent de feux rêveurs" et qui déchaînent des "concerts d'oiseaux sur l'eau fumante", le sortilège des crépuscules à cette heure incertaine où le soleil couchant vient "faire l'amour à la Dombes".

Michèle LAVALETTE n'est pas seulement une amoureuse de son beau pays. Il lui arrive aussi de prendre des accents véhéments pour appeler au secours du "bon vieux Français" en perdition, accablé sous les coups des anglicismes, de l'argot, du jargon et du verlan. 

Elle sait aussi chanter l'amour, celui qu'on prend à bras le corps et qui s'exprime dans les gestes éternels d'une sensualité heureuse : "le crissement d'un bas sous la main qui le touche" et "la peau nue offerte à la folle appétence" quand les baisers se font légers et que les mots deviennent caresses.

Elle est sensible encore à l'envoûtement de la musique, au violoncelle qui joue un prélude de Bach dans le silence d'une nuit d'été... (Il faudrait tout citer !). Puisqu'il faut conclure, je choisis de laisser le lecteur sur une belle image : dans l'un des derniers poèmes de son livre, Michèle LAVALETTE évoque la femme enceinte, à la fois angoissée et heureuse, dont le visage s'éclaire d'un je ne sais quoi de "diaphane et discret". Son ventre est lourd, mais elle est pourtant si belle ! Un enfant vit en elle" et bientôt, pareille à Dieu, elle va créer la vie !

Lisez ces belles pages, plongez-vous dans cette poésie, vous en ressortirez le cœur ensoleillé d'une joie dionysiaque et d'un amour débordant de la vie !

Yves BERNARD

Délégué régional Bugey-Savoie de la société des Poètes et Artistes de France

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